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Jean-Pierre

Compostelle, 5ème jour, de Beaumont la Ronce à Tours

7 Février 2018 , Rédigé par Jean-Pierre Publié dans #Pélerinage : Compostelle et autres lieux

Cinquième et dernière journée de ce premier tronçon : 3 novembre 2017

Beaumont la Ronce – Tours (24.05 km)

 

 

La nuit a été merveilleuse dans cette chambre Colchique. J’avais eu quelques craintes quant au calme de la nuit. La Louisinière est encerclée de routes empruntées par des camions. En fait ce fut une nuit calme et reposante.

Vue depuis la fenêtre de la chambre, les couleurs sont magnifiques au petit matin

Vue depuis la fenêtre de la chambre, les couleurs sont magnifiques au petit matin

Le petit-déjeuner est servis de 8h30 à 9h15 comme l’indique une affichette dans la chambre. Une fois le petit-déjeuner avalé, c'est partie pour la dernière étape de ce premier tronçon.

Je me perds un peu dans les rues de Beaumont la Ronce. En fait, ce n’est pas plus mal. J’ai pu voir différents détails de la commune comme un superbe panorama avec l’église et le château, le lavoir, les plaques de coches et les escaliers, etc.

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« Le lavoir des Dix-Selles date de 1860. Il enjambe la Choisille avec une double rangée de 5 postes de lavage. Les selles à laver étaient individuelles. A compter de 1947 une vanne à crémaillère a remplacé les claies de rondins. C'est un des trois lavoirs communaux. Il a été rénové en 2005. Il est, apparemment, l'un des seuls survivants des 3 lavoirs communaux et des 18 lavoirs privés qui existaient encore au début du 20ème siècle. Les battoirs des "Dix selles" se tûrent vers 1968 »[1].

 

Sur la carte j’avais noté la présence d’une éolienne Bollée. Je me réjouis d’avance de la voir. J’ai beaucoup cette prouesse technique de l’époque. J’aime mieux ces éoliennes que les modernes.

 

« L'éolienne de Mirandol, placée sur le plateau venté de Gâtines, culmine à 24m. Elle était capable de remonter plus de 500l d'eau à l'heure du puits de 30 m de profondeur grâce à sa turbine de 3,5m de diamètre. Cette eau abondante et gratuite alimentée le manoir de Mirandolle, les potagers et la mare de la ferme. Même si ses grincements aigus se sont arrêtés vers 1960, elle est restée dans son environnement d'origine. Elle est visible du bord de la route à 1km au sud-ouest de Beaumont la Ronce »

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De passage à Rouziers de Touraine

 

L’église est placée sous le vocable de Saint Symphorien… encore une fois fermée. Dommage elle promettait quelques merveilles architecturales. Elle a été restaurée en 2005-2006.

 

Au détour d’un carrefour, c’est l’occasion de philosopher :

 

Particularité de Rouziers de Touraine son musée de la vie rurale :

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Il est logé dans l’ancienne école de filles. Chouette, il y a du monde dans la cours. Je vais pouvoir faire une petit visite. Un groupe d’hommes s’active autour des pressoirs et des sacs de pommes. Je discute avec un bénévole. « Nous préparons la fête de la pomme pour dimanche ». Je demande si je peux prendre quelques photos. Un me dis « oui » donc je m’exécute. Deux secondes après, un autre me dit « Oh ! nous sommes fermés ». « Ah bon, excusez-moi, je ne suis que de passage et j’ai demandé si je pouvais prendre quelques photos. Ce n’est pas grave. Merci pour ce que vous faites en faisant revivre ce patrimoine ». Il m’invite à revenir dimanche. Il a du mal à comprendre que je ne suis que de passage. J’ai beau lui dire que je fais le Chemin de Compostelle. Il ne dois pas connaître.

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Je remarque une plaque de coche annonçant Tours à 14,2 km pendant qu’une pancarte moderne annonce 15 km. A l’heure du GPS on n’est moins précis que nos ancêtres…

 

Le Chemin se poursuit. Prochaine pause à Saint Antoine du Rocher.

 

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Il me reste 11 km aux dires du panneau. En fait, ce sera un peu plus de 12 km. Décidément nous ne pouvons plus nous fier aux indications des Conseils Départementaux. Où sont passés les bornes Michelin du temps ?

Qui saurait me dire à quoi ça sert ?

C'est en métal au beau milieu d'un pré

Compostelle, 5ème jour, de Beaumont la Ronce à Tours

Les derniers kilomètres qui me séparent de Tours sont le long d’une route très passagère. La prudence est de mise et l’attention de tous les instants. Mais bon, je ne suis pas pressé d’arriver à Tours. J’ai même envie de faire quelques détours. 

 

Après de longs kilomètres, j’ai besoin de faire une pause. Je ne trouve aucun endroit pour me poser. Finalement, au premier parapet je m’arrête.

 

Prière et déjeuner. Après quelque repos, je reprends le Chemin. Je prends pour moi le « merci » du panneau des Gaudières.

 

J’arrive en zone industrielle de Tours.

 

Compostelle, 5ème jour, de Beaumont la Ronce à Tours

Pas pressé d’arriver à la Basilique, ça marquerait la fin du périple…

Je m’arrête au Leclerc pour me désaltérer.

A votre santé !

Il y a de drôle de maisons : un amoureux du monde Barbie sans doute

Ah, là, il faut que je prenne une photo :

 

Passage de la Loire et ses cormorans :

 

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Depuis le pont j’aperçois le toit de la Basilique Saint Martin,

but de mon premier tronçon.

 

Encore quelques mètres dans les rues du Vieux Tours et me voici à la Basilique

 

Je fais tamponner ma créanciale à la boutique de la basilique. J’ai un bon échange avec la sœur de l’accueil. Elle ne manque pas de m’informer que la communauté accueille les pèlerins la veille de leur départ. Qui sait. Ce sera peut-être pour le départ de mon deuxième tronçon.

 

Je fais le tour de la basilique. Je me recueille devant le tombeau de Saint Martin. J’ai le temps de prier les vêpres. Ma prière porte toutes les personnes rencontrées, les confidences reçues et ce pour qui je marche vers Compostelle.

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Pour poursuivre l'aventure, j'ai besoin de votre aide. 

Les leçons de ce premier tronçon

 

 

Ces cinq jours ont été une expérience inédite pour moi. Je tire des leçons selon différents angles : côté personnel ; côté ecclésial ; côté sociétal.

 

  1. Du côté personnel
  1. Je ne savais pas si j’allais tenir le coup physiquement. Il y a trois ans j’avais fait l’expérience de marcher quatre jours consécutifs avec un sac de 7 kg. J’en étais ressorti complètement épuisés. Cette fois-ci, en tenant compte de cette première expérience, je marchais avec 2 battons et un sac d’un peu plus de 8 kg. Je pense que cette façon de marcher m’a permis de mener à bien ma route. Autre point, le soutien logistique avec de l’arnica homéopathique. Je ne sais pas si c’est déterminant. Quoi qu’il en soit, je n’ai pas ressenti de courbatures.
  2. La distance des étapes. Cette expérience me permet de dire que je supporte bien les étapes de 25 km. Pour 30, il faudra un peu plus d’entraînement. 25 étant un bon compromis avec 15 km le matin et 10 après la pause du milieu du jour.
  3. J’ai bien choisi les affaires à emporter avec moi. Je n’ai rien eu d’inutile et rien ne m’a manqué. Je me suis servi de tout ce que j’avais emporté, excepté le poncho, je n’ai pas eu de pluie. Donc pas question de le laisser à la maison. La seule chose à changer, les sandales que j’ai emportées pour le soir n’étaient pas confortable. Je vais opter pour des crocs. C’est plus volumineux. J’ai de la place dans le sac. Et c’est plus confortable. Donc.
  4. Les repas. J’avais toujours dans le sac l’équivalent d’un repas d’avance. On ne sait jamais. C’est une sage précaution. Ne serait-ce que ça apporte de la sécurité dans la tête et puis, ce peut être un moment de partage avec quelqu’un de moins prévoyant. J’avais pris un saucisson au cas où. Finalement, je l’ai ramené à Etival. J’ai privilégié les boulangeries sur le parcours. Je n’ai pas eu faim à devoir entamer le saucisson.
  5. Les photos. A la rédaction de ce premier récit, je m’aperçois que j’aurai pu prendre des photos d’instant de vie, comme les pigeons sortant du toit à Chemillé sur Dême par exemple. Pour les prochains tronçons, je prendrais davantage de photos. D’une part je ne suis quasiment pas limité et ça permet de garder de bons souvenirs. Peut-être que je demanderai l’autorisation à mes hôtes et aux personnes que je croiserai sur le Chemin de les prendre en photo.

 

  1. Du côté ecclésial, un coup de gueule et deux pépites
  1. Un coup de gueule… Vous avez sans doute fait le même constat que moi. Nos églises sont fermées… J’ai parcourus plusieurs villages en 5 jours de marche. Peut-être une bonne quinzaine, il faudrait que je compte précisément. En tout et pour tout je ne suis rentré que dans une seule église celle de Marigné Laillé (je ne compte pas celle de Neuvy le Roi, c’était pour l’Eucharistie du 2 novembre), toutes les autres étaient fermées. Je rends grâce aux Chrétiens de Marigné Laillé qui travaillent à laisser la porte de l’église du village ouverte. Grâce à eux, j’ai pu prier et me recueillir dans le Saint Sacrement. Et j’ai pu admirer cette belle église.

Concernant les églises fermées, il m’est souvent répondu qu’il y a ‘risque’ de vandalisme. Auquel cas je réponds « quand vous prenez votre voiture, il y a risque d’accident. Est-ce que vous arrêtez pour cela de prendre votre voiture ? ».

Si nous ne savons pas prendre des risques au plan ecclésial, qui les prendra à notre place ?

Qui annoncera la Parole de Dieu à notre place ?

Le pape François l’a dit dans sa lettre apostolique : « Je préfère une Eglise accidentée, blessée, ensanglantée, à cause d’une sortie dans le rues, plutôt qu’une Eglise malade à cause de la fermeture et la commodité de s’accrocher à ses propres sécurités » [1]

Quelle image de l’Eglise donnons-nous si nous avons peur des visiteurs ? Rappelons-nous des conversions dans les églises : Paul Claudel[2], Charles Péguy. Sans compter les grâces que tout un chacun peut recevoir. Les grâces que j’ai reçues parce que j’ai pu rentrer dans une chapelle, la chapelle de mon lycée (Saint Bénigne à Dijon). J’ai toujours en mémoire le message de la Vierge Marie à Sainte Catherine à la rue du Bac : « La Sainte Vierge désigne de la main l’autel où repose le tabernacle et dit: «Venez au pied de cet autel. Là, les grâces seront répandues sur toutes les personnes qui les demanderont avec confiance et ferveur.»

Où sont passés les paroles du pape Saint Jean-Paul II : « N’ayez pas peur ». Paroles reprise par Benoît XVI : « N’ayez pas peur de donner votre vie au Christ »[3].

Qu’avons-nous à faire d’une Eglise qui a peur ?

« Ainsi parce que tu es tiède et que tu n'es ni bouillant ni froid, je vais te vomir de ma bouche.» (Apocalypse 3.16)

  1. Une parole d’espérance : Grâce à la parole d’Andrée, j’ai pu assister à l’Eucharistie du 2 novembre. Et ce uniquement sur une simple parole prononcée à un inconnu « je serai absente à partir de 18 h pour aller à la messe des morts ».
  2. Un sourire qui illumine une soirée : les paroles et le sourire du Père François-Xavier Oniossou ont une force évangélisatrice. La personnalité du Père et sa foi communicative illuminent toute la communauté et les pèlerins de passage.

 

  1. Du côté sociétal
  1. Ce n’est pas une grande surprise, tout est fait pour la voiture. Rien ou presque pour les randonneurs. J’aurais aimé trouver quelques aménagements le long des routes comme :
  1. des aires à pique-nique.
  2. Des points d’eau. Beaucoup de toilettes publiques sont fermées pour cause de dégradation. Ce qui entraine beaucoup de désagréments pour les visiteurs dans les villages.
  1. Je reviens sur l’ouverture des églises. Si les communautés chrétiennes désertent les églises, les communes ne peuvent-elles pas ouvrir les églises ? Après tout, ne sont-elles pas propriétaires de ces lieux ?
  2. Les informations sur les chemins de randonnées sont insuffisantes (PR, PRG ou GR). Le marquage sur le terrain est bien souvent aléatoire malgré le grand soin apporté par les associations. Le GR n’est pas signalé sauf à être directement sur son parcours.
  3. J’admire l’accueil des commerçants, des chambres d’hôtes, l’effort des communes pour le tourisme, etc. Sur l’ensemble des chambres d’hôtes que j’ai fréquenté, pas une ne ressemble à l’autre. Chacune a son charme particulier, ses avantages et ses inconvénients. Bref, une belle richesse de la diversité des goûts et des âges.
  4. Le réseau Orange a de grands progrès à faire. J’ai eu beaucoup de zones où je n’avais pas de réseau ou des connexions très lentes…

 

 

* * * * * * * * * *

 

En conclusion de ce premier tronçon :

Il me tarde de reprendre le Chemin !

 

U L T R E Î A !

 

 

[1] Evangelii gaudium, chapitre 49

[2] […]Tel était le malheureux enfant qui, le 25 décembre 1886, se rendit à Notre-Dame de Paris pour y suivre les offices de Noël. Je commençais alors à écrire et il me semblait que, dans les cérémonies catholiques, considérées avec un dilettantisme supérieur, je trouverais un excitant approprié et la matière de quelques exercices décadents. C'est dans ces dispositions que, coudoyé et bousculé par la foule, j'assistai, avec un plaisir médiocre, à la grand-messe. Puis, n'ayant rien de mieux à faire, je revins aux vêpres. Les enfants de la maîtrise en robes blan­ches et les élèves du petit séminaire de Saint-Nicolas-du-Chardonnet qui les assistaient, étaient en train de chanter ce que je sus plus tard être le Magnificat. J'étais moi-même debout dans la foule, près du second pilier à l'entrée du chœur, à droite du côté de la sacristie. Et c'est alors que se produisit l'événement qui domine toute ma vie.

En un instant, mon cœur fut touché et je crus. Je crus, d'une telle force d'adhésion, d'un tel soulèvement de tout mon être, d'une conviction si puissante, d'une telle certitude ne laissant place à aucune espèce de doute que, depuis, tous les livres, tous les raisonnements, tous les hasards d'une vie agitée, n'ont pu ébranler ma foi, ni, à vrai dire, la toucher. J'avais eu tout à coup le sentiment déchirant de l'innocence, de l'éternelle enfance de Dieu, une révélation ineffable. […]

(Paul Claudel, "Ma conversion". Extrait de "Œuvres en prose" 1913)

[3] Esplanade des Invalides, Paris, samedi 13 septembre 2008 

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