ENCORE UN PRETRE ASSASSINE DANS L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU : L’ABBE DANIEL CIZIMYA NAKAMAGA A LA PAROISSE DE KABARE

ENCORE UN PRETRE ASSASSINE DANS L’ARCHIDIOCESE DE BUKAVU : L’ABBE DANIEL CIZIMYA NAKAMAGA A LA PAROISSE DE KABARE

L’Archidiocèse de Bukavu de nouveau endeuillé par la barbarie des hommes : l’Abbé Daniel Cizimya Nakamaga (51 ans et prêtre de l’Eglise locale de Bukavu depuis 12 ans) a été lâchement assassiné dans sa paroisse de Kabare ce dimanche 6 décembre 2009 vers 2H du matin.

Des hommes en armes, non autrement identifiés jusque-là, ont pris d’assaut le presbytère de la paroisse de Kabare aux environs de 1 heures du matin. Après avoir cherché en vain à forcer la porte, ils ont cassé le grillage d’une de ses fenêtres et ont fait irruption dans les chambres. Trois prêtres étaient à la cure : le curé et deux de ses vicaires.

 L’abbé Daniel a tenté de fermer sa cellule mais elle a été forcé et on lui tiré à bout portant deux balles dans la tête. Hasard ? Pas du tout car son bourreau l’a vu et dit « ye wana» (en voilà un) aux autres et après sans demander quoi que ce soit, il l’a abattu. On a retrouvé une douille dans la chambre et quatre autres dehors. Aucun doute que les assaillants avaient soif du sang.

Ce n’est pas la première fois que l’Eglise est dans l’œil du cyclone à Bukavu. Le 2 octobre 2009 c’était la paroisse de Ciherano qui a vu ses prêtres enlevés comme des rats de brousses et leur presbytère incendié, le groupe scolaire de Nyangezi pillé le 5 octobre 2009 ainsi que l’hôpital de Mukongola le 12 octobre 2009. Et comme partout et toujours, les enquêtes sont toujours en cours et les résultats ne sont jamais connus du public ou effectivement menés. La justice dont on parle tant tarde vraiment à rendre justice.

Pour le cas de ce matin, la population locale a aidé les agents commis à la sécurité. Ils ont comme par miracle bloqué un véhicule suspect avec trois éléments sur lesquels pèsent des indices sérieux de culpabilité. Ces présumés auteurs de cet ignoble acte ont été remis dans les mains des agents de l’ordre pour que vérité soit rendue et connue mais arriveront- ils à savoir pourquoi ce véhicule se trouvait à cet endroit suspect quelques heures après le crime aux environs de 2 heures du matin ? Arriverons-nous à savoir s’il existe des liens avec ses malfrats et ceux qui assurent la sécurité dans le milieu ? Deux de présumés assaillants à bord du véhicule  courent toujours. Pour enlever des griffes de la population ces éléments suspects, les agents de l’ordre ont tiré des balles et mort d’homme s’en est suivie. Les rescapés, blessés gisent encore sur le lit de l’hôpital de Mukongola. Là encore une enquête devrait être menée pour clarifier et qualifier les faits dans le but de rendre justice.

Nous admirons la bravoure et la solidarité de la population   de Kabare en faveur de leurs pasteurs. De la même manière, en des pareilles circonstances devrait agir notre population locale. C’est la magie des Comités Locaux pour la Gouvernance Participative qui sensibilise la base pour sa sécurité. On apprend au moment de la rédaction de ce document qu’un monsieur a été vu dans le milieu d’Ikoma en territoire de Walungu ce matin fuyant et ne connaissant personne dans le milieu. Serait-ce l’un de ceux qui courent encore ? Espérons que les agents de l’ordre éclaireront la religion de la population à ce sujet.

Ailleurs, il suffit qu’un citoyen soit même pris en otage pour que toute la nation se mobilise. Ici, avec la culture de la banalisation de la vie et de l’impunité qui s’installent, on dirait qu’on veut la paix de cimetière et que seuls ceux qui ont des armes ont droit à la survie.

Visiblement une guerre d’usure est en cours. Loin de nous anéantir, elle suscite des nouvelles énergies. En ville comme en campagne les gens passent des nuits sans espoir du lendemain surtout les prêtres qui se posent la question de savoir à qui le prochain tour ? Un traumatisme qui coupe le goût de la vie et crée des maladies qui tuent dans la durée… A qui faut-il s’adresser finalement quand les rues et les villages sont pris d’assaut par des gents en armes non autrement identifiés ? Les partisans de la justice populaire pèchent dans les eaux troubles favorisées par l’absence de ceux qui doivent et ne font rien vraiment. Fatalité ou hypocrisie partagée par ceux qui veulent fatiguer pour mieux diviser et terroriser ? Autorités congolaises, les gens sont fatigués de crier et de mourir ! Populations congolaises, personne ne nous apportera la paix sans nous. Extirpons de nous les sentiments de haine, de trahison, de cupidité. Une génération des traitres aura du mal à se tenir débout devant le tribunal de l’histoire.

Malgré les intimidations, sachons que nos villages nous appartiennent et nous devons les protéger et apprendre à y vivre. Malgré tout, gardons courage ! L’Emmanuel que nous attendons en cette période de l’Avent est aussi Maître de la vie. Il a vaincu le mal sous toutes ses formes.

                                                Bukavu, le 06 Décembre 2009

                                                Message circonstancié rédigé par

                                                Mgr Pierre BULAMBO LUNANGA,

                                                Vicaire Général de Buakvu